L’autonomie et l’indépendance des personnes en situation de handicap : le combat de notre association !

 

 

 

L’association Glamour à portée a été fondée par une famille touchée par le handicap. Je m’appelle Inès Chometon et je suis atteinte d’une Infirmité Motrice Cérébrale (IMC) depuis ma naissance. Grâce à cette nouvelle démarche associative, je souhaite lutter pour la cause de l’inclusion du handicap dans notre société.

 

 

L’enjeu primordial de l’accessibilité 

En tant que personne handicapée, je connais l’importance et la complexité de l’enjeu de l’accessibilité des bâtiments aujourd'hui en France.

Si la loi de 2005 était sensée œuvrer pour une société 100% accessible, la réalité à laquelle nous sommes confrontés est toute autre. En raison du laxisme d’application des textes, il reste encore beaucoup d’efforts à fournir pour garantir l’entière praticabilité du territoire. Oui, l’accessibilité des bâtiments mais aussi des transports pour les PMR comporte des objectifs demeurant inachevés. Elle doit être mise en oeuvre par la loi.

 

Quelles raisons peuvent expliquer un tel laxisme ?

Les raisons sont plurielles. En réalité, une simple lecture des termes de la loi permet d’expliquer le retard de la France en matière d’inclusion. 

 

Tout d’abord, cette loi prévoit des règles trop laxistes destinées à faire appliquer l’obligation d’accessibilité des bâtiments publics.

En effet, plusieurs motifs dérogatoires ont été mis en place. Ils permettent aux propriétaires d’établissements Recevant du Public (ERP) de ne pas appliquer la réglementation.

Par exemple, le coût de mise en conformité d'un bâtiment est trop haut ? Le propriétaire ne sera pas obligé de faire des travaux.

De surcroît, plusieurs motifs permettent aux dirigeants d’établissements de retarder l’échéance des Agendas d’Accessibilité Programmés (Ad’Apt) inaugurés en 2015. Grâce à un tel dispositif, des raisons purement économiques peuvent servir à justifier un défaut d’accessibilité. C’est notamment en raison de cette souplesse législative que de nombreux ERP demeurent aujourd'hui inadaptés.

Cette explication peut sembler purement technique.

Néanmoins, j’ai l’intime conviction que le manque de fermeté des textes influe sur le regard social porté au handicap. En effet, le laxisme réglementaire aboutit pour moi à une vision matérialiste des objectifs d’accessibilité. Pour parler de handicap, d’inclusion, on nous évoque des normes ou des délais à respecter. Comment les pouvoirs publics prétendent-ils sensibiliser ainsi un public non concerné par ces questions ?

De plus, l'enveloppe budgétaire allouée à ces questions nécessiterait une forte hausse. Si ce n'est pas un enjeu simplement économique, il est indispensable de prendre toutes les mesures nécessaires à rendre les ERP conformes aux normes. Cela incitera à porter plus d'attention aux droits et libertés des PMR.

 

Sensibiliser, mais à quoi ?

 

Selon moi, sensibiliser le public aux défis qu’implique l’accessibilité nécessite de parler du handicap.

Il faut aussi évoquer ce qu’il implique concrètement pour la personne, comment ses difficultés physiques se répercutent sur ses déplacements. Il est nécessaire de prendre en compte l'intégralité des enjeux.

Il faudrait informer sur les différents types de handicaps et sur la diversité des besoins en termes d’adaptation du territoire. Il existe des personnes se déplaçant en fauteuil roulant, avec des cannes (handicap moteur). Mail il y a aussi les personnes âgées, enceintes... L'accessibilité nécessite une prise en compte des besoins de toutes ces personnes.

La personne, handicapée ou non, a des droits fondamentaux (la liberté d’aller et venir, d’occuper un emploi, de fonder une famille …). Cela signifie que le manque de moyens alloués à la poursuite de ces objectifs impliquera une sanction pour l’Etat.

Celui-ci est redevable d'une obligation de moyens envers la personne handicapée. Autrement dit, de mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires à garantir un territoire qui lui sera facilement praticable.

On vous parle de délais, de sanctions pécuniaires, de normes techniques, moi, je vous parle de droits.

L’accessibilité n’est pas une fin en soi et ne doit pas être des détachée des droits fondamentaux.

Elle est un pur moyen de permettre à la personne handicapée d’exercer ses libertés. Le handicap réduit la faculté de déplacement de la personne en raison des difficultés qu’il engendre – d’ordre physique ou mental -.

Ce qu’il faut souligner, c’est que le fait de ne pas pouvoir se déplacer implique la privation de nos droits.

On ne peut pas aller dans un bar, une boîte de nuit, un restaurant? On ne pourra pas créer de lien social, faire des rencontres, avoir des relations amicales, amoureuses, fonder une famille.

Si on est privé d’école, d’inclusion scolaire, on ne pourra apprendre à lire, écrire, compter. On sera exclu de la sphère sociale, du monde du travail.

Si on ne peut accéder aux lieux et codes culturels, nous ne pourrons découvrir nos goûts, nos idées, nos opinions. Nous ne pourrons nous assimiler à d’autre groupes sociaux. Nous ne pourrons mettre en place une vie sociale, affective, culturelle.

C’est, pour moi, ce qui permet de faire comprendre les enjeux du handicap. Ne pas appliquer les lois d’accessibilité prive les personnes handicapées, d’inclusion sociale.

 

Pour moi, parler d’accessibilité des ERP est inutile pour parler de handicap. Il faut parler de travail, d’emploi, de rencontres, de droits des PMR, à l’éducation, à la formation.

L'accessibilité, c'est tout simplement le droit à la citoyenneté des personnes handicapées. Le droit à la participation et la citoyenneté.

 

Les enjeux de l’inclusion sociale

 

Rendre la société plus inclusive permet aux personnes handicapées de ne pas subir d’exclusion sur le plan social.

Cela renvoie à des enjeux pratiques mais pas seulement. Par exemple, les enjeux de l’accessibilité numérique sont majeurs dans la problématique de l’accès à la culture mais aussi de l’emploi. Les aides financières agissent en faveur de l’indépendance des PMR et du droit à l’autonomie. Par exemple, le versement de l’Allocation Adulte Handicapé aide au maintien à domicile quand il est possible.

Il existe aussi des enjeux administratifs. Les maisons départementales des personnes handicapées (mdph) sont aujourd'hui dites trop intrusive dans leur prise en charge.